La loi Santé au travail du 2 août 2021 impose aux entreprises davantage de prévention, dans un environnement dégradé par la crise du Covid. Alors que les organisations deviennent hybrides, les directions des ressources humaines doivent désormais s'adapter, tant au plan réglementaire qu'au plan organisationnel.
Après l'éclaircie, l'orage ? La crise sanitaire s'est révélée un puissant accélérateur de transformation des organisations… pas sans pot cassé, toutefois. Sur le front de la santé au travail, plusieurs signaux sont au rouge. L'absentéisme se fait grandissant, pas uniquement pour cause de Covid-19, mais du fait « d'arrêts maladie fortement impactés par la dégradation de la santé mentale », selon une étude de Malakoff Médéric.
Le syndrome d'épuisement professionnel gagne du terrain, « notamment chez les jeunes, ce qui est un phénomène nouveau ». En outre, une hausse des départs volontaires, faisant craindre l'arrivée en France d'une « grande démission » à l'américaine, ne manque pas de questionner tant le sens au travail que le management.
L'accent sur la prévention de la loi santé au travail
D'ailleurs, depuis l'accord national interprofessionnel du 9 décembre 2020, les employeurs n'évoquent plus la qualité de vie au travail (QVT), mais la qualité de vie et des conditions de travail (QVTC). Une lettre supplémentaire réaffirmant qu'il est question « de pratiques managériales, de maintien en emploi, de trajectoires professionnelles, de conduite des transformations et de relations interpersonnelles », selon le Centre médical interentreprises d'Ile-de-France.
La cristallisation de la détresse psychologique en entreprise, dans un environnement chahuté par les bouleversements organisationnels et technologiques, n'a pas échappé au législateur. Fruit de plus d'un an de débats, la loi Santé au travail du 2 août 2021, qui est entrée en vigueur le 31 mars dernier, met l'accent sur la prévention.
Pour preuve, le « service de santé au travail » est renommé « service de prévention et de santé au travail ». Si, comme son nom l'indique, son rôle est de prévenir, il a aussi pour mission de contribuer à l'amélioration du suivi médical des salariés et de l'insertion professionnelle.
Un espace d'échanges constructifs
Afin d'outiller les organisations en ce sens, la loi consolide le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP). « Nous y consignons, a minima une fois par an, les résultats de l'évaluation des lieux, modalités et situations de travail pouvant générer des risques », explique Patrice Vallée, directeur des ressources humaines de Crédit Agricole Immobilier, précisant que « les résultats et plans d'actions sont présentés en comité social et économique ».
« Outre la santé et la sécurité, l'objectif est de faire du lieu de travail un espace d'échanges constructifs », résume Patrice Vallée, évoquant l'attention portée aux relations professionnelles, ainsi qu'à l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Ajustements constants
Reste que cette cascade de mutations, tant réglementaires, que organisationnelles et sociétales, nécessite des ajustements constants. « En première ligne, les directions des ressources humaines innovent, en se trompant parfois, mais en réussissant aussi beaucoup », observe Vincent Meyer, professeur assistant en ressources humaines à l'EM Normandie.
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